Un comité féministe de Québec solidaire dénonce le musellement des femmes

Par Thomas Laberge, La Presse Canadienne 4:50 PM - 7 mai 2024
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Émilise Lessard-Therrien prononce une allocution après avoir été élue co-porte–parole de Québec solidaire lors d’un congrès du parti à Gatineau, le 26 novembre 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Spencer Colby

Dans la foulée de la démission d’Émilise Lessard-Therrien de son poste de co-porte-parole, la Commission nationale des femmes de Québec solidaire (QS) dénonce le musellement des femmes et «l’influence croissante de personnes non élues démocratiquement» au sein du parti. 

La commission dit avoir tiré la «sonnette d’alarme à maintes reprises». «Les témoignages d’ex-candidates déçues, de membres démobilisées, de femmes de plusieurs circonscriptions, associations ou instances, ainsi que les tensions récurrentes sur les questions de parité s’accumulent et constituent un ensemble préoccupant qui met en lumière un enjeu crucial auquel il est impératif de s’attaquer», peut-on lire dans un message publié sur Facebook mardi.  

On se dit également préoccupé que les «voix masculines dominent de plus en plus au sein des instances, du personnel et des élu·e·s de Québec solidaire». 

«Des principes fondamentaux du parti, comme la parité, sont remis en question ou étiquetés “radicaux” avec le risque de faire taire de nombreuses femmes», ajoute-t-on. 

«Un constat s’impose: il est impératif de laisser parler les femmes et d’arrêter de museler leurs idées ou leurs interventions pour correspondre à une certaine image», peut-on lire dans le message. 

La responsable de la Commission nationale des femmes, Royse Henderson, écrit que la démission d’Émilise Lessard-Therrien «met en lumière une crise profonde au sein de Québec solidaire, une crise qui remet en question la place des femmes et la voix des militant·es dans le parti». 

On se dit également préoccupé par «l’influence croissante de personnes non élues démocratiquement, qui prennent des décisions cruciales sur la communication et l’orientation médiatique du parti sans être tenues redevables devant les membres».   

«QS n’est pas un boys club»

La nouvelle co-porte-parole intérimaire du parti, Christine Labrie, dit prendre «très au sérieux» ce qui est nommé dans le message de la commission. 

«QS n’est pas un “boys club” à mes yeux. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de meilleures pratiques à adopter pour s’assurer que c’est un lieu d’épanouissement pour tout le monde, notamment les femmes», a-t-elle dit mardi matin en point de presse à l’Assemblée nationale. 

L’ancienne co-porte-parole Manon Massé indique que QS a connu des «crises et des tempêtes» depuis sa fondation et qu’il s’agit d’opportunités pour évoluer. «Toutefois, une opportunité peut se transformer en cauchemar si la confiance et la bienveillance ne sont pas au rendez-vous», a-t-elle écrit sur sa page Facebook. 

«Malgré les blessures et les désaccords, l’expérience me dit que c’est jamais bon pour la gauche de chercher à régler ses désaccords sur la place publique», a-t-elle ajouté. 

QS est en crise depuis le départ d’Émilise Lessard-Therrien quelques mois seulement après avoir été élue. Dans un message où elle explique les raisons de son départ, elle écorche la «petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour» de Gabriel Nadeau-Dubois. 

Vendredi dernier, deux employés et proches collaborateurs de M. Nadeau-Dubois ont quitté la permanence du parti. 

La semaine dernière, le chef parlementaire est venu présenter sa vision, affirmant qu’il veut que QS devienne un «parti de gouvernement» avec un programme plus «pragmatique» et une structure allégée.

«J’ai confiance en Gabriel et je suis prête à faire tous les débats nécessaires pour mener QS à la victoire», a également écrit Manon Massé mardi.  

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